Il faisait partie sous l’ancien régime, de la paroisse de Plonivel disparue sous le Concordat (1801) pour être rattachée à Plobannalec et à Loctudy. C’est un édifice caractéristique des petits manoirs cornouaillais de la fin du XVe siècle, avec son corps de logis à deux étages, les communs qui le flanquent de part et d’autre de la cour, la tourelle d’escalier au nord, le mur d’enceinte, et de l’autre côté du chemin, une fontaine et un four à pain complètent l’ensemble. A l’est, la grange, à double porche, a des dimensions et un appareil de granit particulièrement remarquables.

L’histoire de Kerhoas est liée à la maison de Haffont de Lestrédiagat, puissante famille établie à Treffiagat et dans les paroisses sud du Cap Caval (aujourd’hui Pays Bigouden). Au début du XVIIIe siècle, Kerhoas appartenait à Marie du Haffont, mariée à Jean-François du Menez, chevalier seigneur du Perennou en Bodivit (désormais Plomelin). Leur fille, Marie du Menez, apporta Kerhoas par mariage à Jean-Baptiste Trolong, chevalier seigneur du Rumain qui habitait Tréguier. Les Trolong du Rumain en resteront propriétaires jusqu’à la révolution.

Le manoir de Kerhoas (XVe siècle)

En fait, dès le XVIIe siècle, Kerhoas devient ferme, occupée par des domaniers, selon le mode du domaine congéable, habituel dans le Cap Caval. Au XVIIIe siècle, les domaniers sont les Le Calvez, dont un fils, Michel, aura un surprenant destin. Né à Kerhoas vers 1735, Michel Le Calvez, avocat au parlement et sénéchal de la baronnie du Pont à Pont-L’abbé, marié en 1761 à Marie-Michelle Royou, fille du procureur de la baronnie, devint de ce fait, le beau-frère du publiciste Elie Fréron, de l’Abbé Thomas Royou-Guermeur et du commissaire du Comité du Salut Public Claude Royou dit Royou-Guermeur, du nom d’une terre que possédait sa mère près de Lesconil ( Le Guerveur actuel). Cette ascension sociale d’un fils de domanier devenu le premier personnage de la baronnie(après le baron) est un cas unique dans le Pays Bigouden du XVIIIe siècle.

Le manoir et ses abords ont été inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques du Finistère en 1992, après avoir été vendu par la famille Morvan en 1989 à l’actuelle propriétaire.

D’après Serge DUIGOU


Manoir de Kerhoas - Façade principale

Façade principale et porte d’entrée

La façade de la maison d’habitation est typique des manoirs cornouaillais des années 1500 avec la présence d’un étage, témoin d’une certaine aisance. Les fenêtres à meneaux placées symétriquement de part et d’autre de la porte d’entrée, mettent en valeur la disposition générale de la façade.

La porte d’entrée est bien décorée avec sa porte en forme d’anse de panier, surmontée d’une accolade et d’un fleuron. Le tout est encadré sur les côtés par des pinacles. Enfin, un larmier protège l’ensemble des eaux de ruissellement qui s’écoulent de la façade.


De gauche à droite : Escalier a visFenêtre à meneau et meurtrière

La présence d’un étage pour un manoir est un signe de distinction sociale. Pour y accéder, un escalier à vis a été placé ici dans le prolongement de l’entrée, ce qui a nécessité une surélévation partielle de la toiture à l’arrière.

Le pignon occidental est tourné vers le Ster d’où pouvaient venir d’éventuels assaillants. Il fallait donc pouvoir surveiller, à partir de l’étage et attaquer au plus près possible de l’ennemi, c’est-à-dire du rez-de-chaussée. Dans cette perspective ont été percées une fenêtre à meneau savamment orientée pour améliorer la vue en direction du Ster ainsi qu’une meurtrière, étroite fente allongée verticalement, par laquelle des tirs d’arquebuse étaient possibles.


Manoir de Kerhoas - Le porche d'entrée

Le porche d’entrée (détails)


Manoir de Kerhoas - La grange sur la droite

La grange

Très vaste bâtisse donnant sur la cour et participant ainsi grandement à la réalisation d’un espace clos adapté à la défense en cas d’incursions. Autre particularité, la présence d’un double porche donnant à la fois sur la cour et sur l’extérieur, ce qui laisse à penser que c’était probablement l’entrée initiale du manoir, donc du côté opposé au Ster, d’où pouvait venir le danger.


Face nord du manoir

Le mur sans doute remanié au cours des siècles, comporte encore un puissant support en pierre débordant largement sur la façade arrière. A-t’il servi de support à un hourd, galerie en bois placée en encorbellement dans la partie supérieure du mur ? Il viendrait dans ce cas s’ajouter aux autres aménagements prévus pour assurer la défense du manoir.


Manoir de Kerhoas, stèle
Petite Stèle gauloise à l’entrée

Détails de la toiture


Fontaine et four

Ils complètent harmonieusement l’ensemble en permettant au manoir, auquel est intégrée l’exploitation agricole, de vivre en quasi autarcie.


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