Le territoire actuel de Plobannalec-Lesconil a, de tout temps produit des céréales ou du blé noir, destinés à l’obtention de la farine, avec laquelle on fabrique, entre autres, le pain, base de la nourriture humaine. L’éclatement de la graine se produit entre 2 surfaces rigides, l’une fixe, l’autre mobile. Le procédé le plus ancien et le plus rudimentaire consiste à utiliser une plaque fixe en pierre sur laquelle on fait éclater les graines à l’aide d’un caillou tenu dans une main. Ce système est encore en usage dans certaines régions du monde. A partir du Moyen-âge on a, en Occident, affiné ce procédé en ayant recours aux meules , l’une fixe, l’autre mobile, cette dernière étant mise en mouvement par une force naturelle : l’eau ou le vent. Ainsi sont nés les moulins à eau et à vent qui ont fonctionné chez nous jusqu’au début du XXe siècle. Sous l’Ancien Régime, ils relevaient tous d’une seigneurie.

Ci dessus : Lesconil, quartier de Menez Veilh, vue de la maison Divanac’h koz‌‌ et du moulin • Photo André Dauchez

Les moulins à eau

Les moulins à marée

Paradoxalement, il n’y en a pas dans notre commune encore appelée Plobannalec jusqu’en 2001. On trouve bien mention d’un moulin à marée, au milieu du XVIIème siècle dans une liste de biens ayant appartenu à Jacques de Kerescant. Il s’agit de la famille du Haffond dont les descendants ont ensuite émigré à Lestrédiagat en Treffiagat. Ce moulin était situé sur l’ actuelle digue de Kerescant qui a été rétrocédée récemment à la commune de Plobannalec. Etait-il déjà en ruine ? On ne le sait . Toujours est-il qu’on n’en trouve plus mention par la suite. Plus près de nous, en 1847, un meunier, propriétaire des moulins à eau de Peniskin et Saint-Alour se plaint , dans une lettre au Préfet, que ses moulins ne peuvent tourner que 4 mois par an (faute de carburant !). Il sollicite donc l’autorisation d’installer un moulin à marée à la sortie du Ster Nibilig. Demande refusée en raison de l’éventuelle possibilité de tirer profit de cet l’abri naturel que constitue le Ster Nibilig, pour en faire un port. Ainsi les recoins du Ster n’ont pas ici été utilisés dans cette optique. Cela est dû très vraisemblablement au trop faible volume d’eau exploitable en période de mortes eaux, problème identique, en définitive, à celui des moulins à eau traditionnels.

Les moulins à eau (sur les cours d’eau)

Il en existait 2, à l’extrémité de ruisseaux se jetant dans le Ster : celui de Peniskin qui prend sa source du côté de Lestouarn et celui de Saint-Alour qui provient de Plomeur, un peu au-delà du bourg. Connaissant la topographie des lieux, autant dire que la pente est très faible. Pas question donc d’installer une grande roue accolée au pignon du moulin et alimentée dans sa partie supérieure, comme on le voit fréquemment. Ce type de moulin n’a jamais existé sur notre territoire. Il fallait donc s’y prendre autrement. Pour augmenter la force de l’eau, on a été réduit à installer une conduite forcée passant sous le bâtiment du moulin. C’est ce qu’on voit à Saint-Alour sur cet extrait du cadastre de 1832. Il en était d’ailleurs de même pour le moulin de Peniskin.

On insère dans la conduite forcée le dispositif ci-dessous consistant en une roue à cuillères, actionnée par la force de l’eau . Le mouvement de rotation ainsi produit transmet le mouvement à la meule mobile, installée en hauteur, comme on le voit sur le schéma ci-dessous :

Détail de la roue à cuillères

Le sort des moulins à eau n’a jamais été brillant. Un meunier, à la tête des moulins de Peniskin et de Kerlut, se plaint en 1847 de ne pouvoir s’en servir que 4 mois par an faute d’alimentation suffisante en eau. Il proposait donc d’installer un moulin à marée dans le Ster Nibilig !

Le moulin à eau de Kerlut, Plobannalec, en ruine

Les moulins à vent

il s’agit ici de tirer profit de la force du vent, présent toute l’année chez nous, dans une direction ou dans une autre.

La carte postale du moulin neuf (vers 1920-1925) et la gravure du moulin de Menez Veilh représentées ci-dessous aident à comprendre le fonctionnement du moulin à vent.

Plobannalec, le moulin blanc
Le moulin neuf, Plobannalec • Carte postale (peu après 1920)
Moulin de Menez Veilh, Lesconil • Gravure d’ André DAUCHEZ (collection privée)

Les ailes, accrochées au toit mobile, doivent être orientées en fonction de la direction du vent. Pour cela on a installé un tronc reliant le toit jusqu’ au niveau du sol, On le voit bien à droite des deux documents ci-dessus. Les ailes mises en mouvement font tourner un axe horizontal. Un système de roues crantées, en guise de pignon, permet de transformer ce mouvement horizontal en un mouvement vertical et ainsi faire tourner lla meule supérieure. C’ est ce montre le schéma ci-dessous :

Le toit du moulin reposant sur une maçonnerie de forme circulaire, on repère aisément les moulins à vent sur les plans cadastraux ou les photographies aériennes . Détail supplémentaire : lorsque le sol a été pavé au niveau du passage prévu pour faire tourner le toit, on obtient une double trace circulaire. On le voit bien dans le cas du moulin blanc et du moulin ruiné de Kerhoas. (voir plus bas).
Au total, 5 moulins à vent ont pu être repérés sur le territoire de la commune.

1. Le moulin neuf

(ainsi appelé dans les documents anciens, à la sortie du bourg de Plobannalec, sur la route de Lesconil)

Vue aérienne, ruines du moulin neuf, Plobannalec • IGN mission 1948

Le moulin neuf à vent était situé dans l’actuelle rue du moulin au bourg de Plobannalec. Son activité ayant perduré jusqu’aux années trente, il est le dernier des moulins de la commune à avoir fonctionné.

2. Le moulin de Menez-Veilh

Vue aérienne, ruines du moulin de Menez-Veilh, Lesconil • IGN mission 1948
Menez Veil - André Dauchez
Lesconil, Menez Veilh, le moulin aujourd’hui disparu (vers 1903) • Photo André Dauchez
Le moulin de Menez-Veil
Moulin de Menez Veilh à Lesconil • Photo collection particulière

Du moulin de Menez Veilh à Lesconil, il ne reste que la chaumière en ruine
(site privé).

Chaumière du moulin de Menez Veilh en ruine à Lesconil

3. Le moulin blanc

(dépendant de Kerfeunteunic, placé en bordure de la route allant de Kervignon à Kerleuc)

Vue aérienne, ruines du moulin blanc, Plobannalec • IGN mission 1954

4. Le moulin de Kerespert

Ici il faut remonter au cadastre napoléonien de 1832 pour avoir une preuve de son existence. Les documents postérieurs ne le signalent pas.

Moulin de Kerespert • Cadastre napoléonien de 1832

5. le moulin ruiné de Kerhoas

Cadastre de 1832

Ce moulin était déjà signalé en ruine dans la seconde moitié du XVIII ème siècle. Les 2 cercles concentriques sont toujours visibles sur la photographie aérienne de l’ IGN (1948) . Ils en rappellent sa présence.

Vue aérienne du moulin de Kerhoas
Vues aériennes, ruines du moulin de Kerhoas, Plobannalec • IGN mission 1948

Les derniers moulins à vent ont fonctionné jusqu’ au début du XXème siècle. Le nom de celui de Menez Veilh a été vulgarisé par Marcel DIVANARC’H , né tout près de là. Il a publié aux éditions du vieux meunier breton les contes recueillis auprès du dernier meunier qui y a exercé : Alain Larnicol. Celui-ci ne figure plus dans le recensement de 1921. A peine plus tard (entre 1920 et 1930), ce fut le tour du moulin neuf de cesser de fonctionner. D’autres forces motrices ont alors pris le relais : le moteur à essence et le moteur électrique. Les paysans de la commune se sont tournés alors vers d’autres lieux pour faire moudre leur grain : Kerbrizen, d’abord, où travaille la famille de Sébastien Guillamet dans la quasi-totalité de l’entre-deux-guerres, avant d’émigrer au Cosquer (en Larvor Loctudy). Puis, juste avant la seconde guerre mondiale, c’est la direction de la route de Penmarc’h qu’il faut prendre . La famille Billien (père et fils) y travaille. Cela dure jusqu’à la retraite du fils dans les années quatre-vingt. Les paysans s’y rendaient pour faire moudre leur grain, en guise de complément alimentaire pour le bétail.


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